Le ressentiment est la chose du monde la mieux partagée - René Nietzsche

 


Dans la presse du jour, un article qui distingue l’islam traditionnel de l’islamisme moderne à coup d’Histoire et de cinquante nuances de gris ; un autre qui compare les loubards d’hier aux barbares d’aujourd’hui ; un autre, encore, cisaillé entre l’antiracisme vintage et l’intersectionnalité bondissante ; un dernier qui s’essaie à comprendre les différences entre les gauches... La presse du matin détonne comme un jardin au réveil quand les taupes sont de sortie. Des pâtés de sable bouchent la vue. Rien de nouveau sous le soleil, pourtant. Même mort, Dieu se rit encore « des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Cinq siècles ont passé depuis Bossuet. Dans leurs grottes, les hommes sont maintenant déchaînés. Woke jusqu’à la lie et l’hallali des ayatollahs.

Tous ces désastres partagent la même cause : le ressentiment. Nietzsche n’a pas été prophète en Occident mais il avait pourtant écrit dans Ecce Homo : « le ressentiment doit pour le malade être essentiellement tabou, c'est sa maladie elle-même : c'est aussi malheureusement son penchant le plus naturel, Bouddha l'avait compris, le grand physiologiste. Sa « religion » – qu'on ferait mieux d'appeler hygiène pour ne pas la confondre avec une chose aussi pitoyable que le christianisme – faisait dépendre son efficacité de la défaite du ressentiment : libérer l'âme du ressentiment c'est le premier pas vers la guérison. « Ce n'est pas l'inimitié qui mettra fin à l'inimitié, c'est l'amitié qui mettra fin à l'inimitié » : voilà la première leçon du Bouddha ; ce n'est pas le langage de la morale, c'est celui de la physiologie. » Las, c’est aujourd'hui le Grand Ressentiment qui est réveillé (awoke ?) et pousse le meilleur vers le pire.

Mais après tout… « Nous ressemblons tous à des eaux courantes. De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine ; et cette origine est petite. Leurs années se poussent successivement comme des flots ; ils ne cessent de s'écouler ; tant qu'enfin, après avoir fait un peu plus de bruit et traversé un peu plus de pays les uns que les autres, ils vont tous ensemble se confondre dans un abîme où l'on ne reconnaît plus ni princes, ni rois, ni toutes ces autres qualités superbes qui distinguent les hommes ; de même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l'Océan avec les rivières les plus inconnues. » (Bossuet, Oraison funèbre de la Duchesse d’Orléans).





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