Mieux que 1984 avec Yahoo Actu : le silence des agneaux !
L’avertissement de Yahoo actu glisse directement des pages de 1984 d’Orwell. Vous croyez lire un article de presse ? Non, vous vivez une "expérience". Vous vous croyez libre ? Non, vous faites partie d’une "communauté". Vous pensiez que le commentaire était un exercice critique ? Non, c’est un "module". D'ailleurs, toute critique étant susceptible d'offenser quelqu'un, même à l'autre bout de la planète, elle ne répond pas, par nature, au nécessaire "respect de chacun" invoqué par Yahoo. Mais ils "travaillent" ("ils" sont donc bien méritants et honnêtes !) à "améliorer" l’expérience ! Bon, ça va durer une "période" indéterminée qui pourrait tout aussi bien s’éterniser : il n’est point de problème qu’une absence de solution ne finisse par résoudre. Pour finir, "ils" nous remercie de notre "compréhension". Et puis silence, les agneaux !
Dans 1984, en effet, on répondrait : "Cool, ça va être super, on va vivre tous ensemble une expérience de lecture améliorée, ça va être trop génial !". Sauf que nous ne sommes pas (encore) dans 1984. Et qu’il est aussi difficile de se faire une idée claire de l’amélioration évoquée que de la mécanique quantique. Sous le vernis de la moraline, c’est la peur du judiciaire et de l’amende qui anime ce « nous » qui parle pour donner à croire que Yahoo est un être vivant comme les autres.
En attendant Godot, fini les commentaires sous les articles
de presse de Yahoo actualités : bien dommage ! On y entendait des
voix sans complexes (ou "irresponsables" selon le nouveau Gauche’s Book), naturellement
odieuses, jamais correctes politiquement et ça mettait un peu de piquant dans les
salades pressées. C’était un écosystème fascinant pour l’observateur : on
y voyait se former les nuages de la dénonciation et tomber les éclairs de la
haine en même temps que se levait à l’horizon des médias de France une tempête
d’indignations pleurant d’assignations au lynchage. Un mini-monde, accessible
dans toutes les langues ou presque (pas fous, les Chinois !). Avec sa propre
dynamique météo : périodiquement, on observait le Camp du Bien gonfler
subitement et occuper les deux-tiers de l’espace. L’orage grondait puis
fatiguait. Rassurées, les troupes informelles de l’autre Camp reprenaient leur
place habituelle et renvoyaient le Camp du Bien à la sienne : celle d’une minorité
de grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le bœuf. Mais le bon sens
de La Fontaine n’est plus de mise.
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