Les nouveaux (monstres) bébés

Avez-vous remarqué ? Les mères et les pères ont disparu
de nos écrans, on n’entend plus parler que de « mamans » et de « papas ».
On parle comme les enfants. Eux aussi affectionnent la répétition du sujet qui pollue
les journées télévisées et les discours politiques : « Les Français,
ils sont… », « La question, elle est… », « Le bilan, il
augmente… », « Le temps, il s’améliore… », etc.
Gauche ? bien ! Droite? Pas bien ! Enfant ? Bien ! Adulte ? Pas bien !
Mais oui, c’est
vrai, la gauche, c’est le bon sauvage de Rousseau, l’Emile ! L’homme est
bon et c’est la société – naturellement capitaliste – qui le corrompt. La
société capitaliste, c’est le mal comme le stress est devenu, nous dit-on, le « mal »
du siècle (et le « bien » du siècle, c’est la solidarité ?),
stress, bien entendu, provoqué – « généré » lâcherait un langageux
moderne dans une flatulence globisch – par l’entreprise, cette organisation on
ne peut plus suspecte qui transforme le
sang du peuple en flux financiers. Tout est la faute de l’odieux capitalisme :
le socialisme est mort, vive l’écologie ! Le premier était un peu court. Le
bonheur de la classe ouvrière, ça n’a jamais fait rêver l’ouvrier et il avait
raison : il a disparu, emportant avec lui les rêves de grands soirs et de
dictature du prolétariat qui ont donné tant de divins frissons aux petits
bourgeois de Paris.
Le capitalisme, ennemi du peuple et tueur de planète
Aujourd’hui, être de gauche, ce n’est plus un simple choix
moral et politique. Non : c’est une question de survie. Et oui : vous
pouviez être allergique à toute solidarité avec telle ou telle catégorie ou
minorité de population, vous ne pourrez pas pousser l’irresponsabilité jusqu’à
refuser de sauver la planète ! La fin du monde est pour demain :
réchauffement climatique, migrations, terrorisme, tout, absolument tout vient
du capitalisme. Ouvrez les yeux, consommateurs sans conscience ! Mangez
bio, plein de fruits par jour, « bougez » (l’immobilité, quelle
ringardise à l’heure des « mobilités » douces !), faites pas ci,
faites ça, triez, ne triez pas, voyez ceci, ne voyez pas cela, soyez-vous-même,
préférez les autres… Nous croulons sous les injonctions contraires et
paternalistes d’une élite affadie dans un siècle d’enfants. Enfants qui, comme
tous les enfants, parlent à tort et à travers, jugent sans procès, suivent les
meneurs, agonisent leurs têtes de turc, veulent tout tout de suite, n’ont que
des droits et jamais de devoirs, couinent quand ça résiste ou que ça veut pas,
dépriment quand leurs désirs sont contrecarrés, votent à gauche parce que seuls les salauds sont de droite. Faut dire, putain, quelle honte d’être un salaud d’eurasien hétéro et chrétien (« non
racisé », dit-on chez les nouveaux indifachos), « cisgenre »,
dit-on chez les nouveaux homofachos), (« chiens », « pourceaux »
ou simplement « croisés », dit-on chez les nouveaux islamofachos) !
Machiavel version 2019 : "fais-moi un gros câlin" (free hugs)
La
Russie a trop longtemps joué avec le feu. Sa guerre froide a surtout consisté à faire prendre
des vessies pour des lanternes à la jeunesse occidentale. Maintenant, Poutine
est bien embêté : il n’a que des demi-chèvres en face de lui pour négocier
l’avenir. Des crétins sans passé qui pensent, comme les enfants, que la
politique est une question de générosité et non de rapports de forces. Qui
communient à longueur d’ondes pour faire venir un monde où tous les affreux « R »
auront disparu, comme dans Russie mais surtout comme dans Hitler, guerre, père,
autoritaire, rigueur, droite, morale, noir, hétéro, chrétien… Heureusement que
les « réseaux » sont « sociaux », ça les sauve d’un « R »
suspect qui en renferme pourtant toute la vérité ! En marche vers un monde
idéal plein de mamans et de papas à vélo, mangeant bio, ne fumant et ne buvant
pas, faisant du sport et de cet absurde pire que 1984 une nécessité pour les
fameuses « générations futures » (« après moi le déluge » :
telle est le devise du capitalisme selon Magauche, livre 3, verset 5, épître
aux Comdéchiens). Mon dieu, dira Jésus version 2.0, pardonnez-leur car ils ne
savent pas ce qu’ils sont !
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