Moi, ça m'inquiète !

L'irrationnel, c'est insidieux : il passe, bien sûr, par Sainte Emotion et tout journaliste télé qui se respecte lui rend grâce à toutes les messes média. Comme la forme, c'est toujours le fond qui remonte à la surface, l'infantilisation se glisse aussi dans la langue molle qu'on nous fourre à longueur de journées entre les deux oreilles. 


Palme d'Or cette année encore et depuis 2012 à la répétition du sujet, mise à l'honneur avec rigueur et constance par François Hollande himself : "Les Français, ils préfèrent...", "La prison, elle prépare...", "L'amalgame, il nous menace", etc, etc. Pour ceux qui pensaient que la répétition du sujet marquait la pré-enfance de l'homme et de son langage, raté ! 

Avez-vous remarqué, de toutes façons, que plus personne n'a ni père ni mère dans nos médias français : juste un "papa" ou une "maman". Répétition de la syllabe ou du sujet, peu importe : c'est de l'émotion pure, de la vraie empathie solidaire, du moderne sublime. Tous les journalistes se sont empressés d'adopter ce déclic de langage : c'est vrai, après tout, on est toujours mieux compris quand on répète les choses. Ca permet aussi de tirer à la ligne quand on n'a rien à dire et qu'il faut tenir la minute de commentaire oiseux, à défaut de témoignage émotion ou de micro-trottoir éclairant. 

Et puis, ça jaillit à toutes les secondes sur nos meilleures ondes. Quelques grains de sable ramassés sur la plage des têtes vides (notamment BFM TV) : "Les embouteillages s'amenuisent progressivement", "les données interagissent entre elles", "cette réforme est devenue une des premières priorités", "j'ai découvert un pays que je ne connaissais pas","il faut un délai de temps", "jamais cette procédure n'aurait pu être possible", "il a succombé de ses blessures", "la situation est à l’amélioration", "dernier bilan provisoire", etc, etc. 
Mais ce qui se fait de mieux se montre tout aussi discret qu'absolument envahissant. C'est parti de la sociologie, socialisme de la pensée, pour irriguer la rééducation nationale avant de s'infiltrer partout où on peut surfer sur le néant pour vendre des trucs. Savez-vous,  par exemple, que nos pauvres maires sont aujourd'hui obligés de se coltiner des réponses à appel d'offres qui laisseraient rêveur un Bourdieux canadien. L'immobilier, c'est l'ossature du vivre ensemble : vous n'aviez pas remarqué ? Des vessies transformées en lanternes dans le BTP, j'en ai relevé des tonnes mais quelques grammes suffisent : 


"Cette typologie est travaillée de manière à retrouver les qualités d’habiter de l’individuel, avec une plus grande compacité.Définir la nature, publique, privée, partagée ou particulière de ces espaces pour poser les bonnes conditions du vivre ensemble dès la conception.C’est valable en milieu urbain qui souvent se bâtit sur lui-même face à une lacune de foncier, mais également aujourd’hui pour des programmes isolés dont les investissements, les usages et la propriété appellent à l’évolutivité et flexibilité.La panoplie d’éléments végétaux pourra permettre de rompre avec le brutalisme de l’échelle horizontale ou verticale, et introduire une certaine complexité".

Un vertige ? Rien que de très normal. Quand on ne veut pas du réel, on s'invente un autre monde. Il a toujours un idiot utile pour croire que twitter, c'est être. 

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